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Le Narcisse et la Jonquille

"Frère, Sœur, ensemble… Comment ?" Jacques Fontaine - illustrations : Mucha



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La jonquille et le narcisse sont des fleurs de la même espèce. Elles poussent toutes deux dans le même sol. Quelques différences, pourtant, les distinguent. L’une est jaune, l’autre blanche. Le Frère et la Sœur sont comme ces deux fleurs. D’abord, ils ont des différences anatomiques sexuées, mais surgissent du même terreau, l’espèce humaine ; avec ses spécificités par rapport aux autres animaux, entre autres la plasticité élevée de leurs comportements. Et, sur le plan psychique, la quête spirituelle, une manière de rêve au-delà de la fragmentation et de la dispersion de la personne. Recherche, soif d’un ailleurs le plus souvent étanchée par les religions omniprésentes depuis toujours et partout. Sans toutefois oublier les plus rares parcours initiatiques, les voies qui visent l’épanouissement spirituel, en marge des transcendances divines obligées. Quelles que soient leur extension ou leur confidentialité, elles sont  toutes des émanations du psychisme humain, le terreau de la jonquille et du narcisse. Connaît-on des société sans croyances et qui n’ont pas mis au point des substitutions de réponses aux  préoccupations spirituelles ? Elle nourrissent l’histoire des civilisations, les cultures et les dépassements de la médiocrité quotidienne. Distinguerait-on pour autant une seule soif et deux breuvages possibles ? Je ne le pense pas. La religion est une création commune à toute l’humanité ; elle porte en elle, la foi et par là, les certitudes fournies par les dogmes. C’est à n’en point douter une spiritualité. C’est même celle qui vient tout de suite à l’idée. La quête ne refuse pas le chemin de la foi mais elle le replace dans une aspiration plus vaste, la recherche de la liberté, le dépassement de soi dans un bien-être silencieux et calme.

 

            Vous lecteur, lectrice avez votre propre conception de la voie maçonnique. Elle détermine vos opinions et vos croyances. C’est également mon cas. Aussi, je me permets de préciser, en début d’ouvrage, ce qu’est pour moi, la Franc-maçonnerie, que je qualifie d’emblée, comme le grand et magnifique parcours spirituel occidental. Je résume, par une maxime la définition que j’en donne : « Une spiritualité pour agir », qu’elle soit religieuse ou pas. Je ne peux guère m’appuyer sur les trois ou quatre ouvrages antérieurs qui m’auraient ouvert la voie. Sauf celui de Bruno Etienne[1], et l’œuvre de Daniel Beresniak qui fut mon maître.

            La voie spirituelle maçonnique ne vient pas d’arriver, comme cela, au XXIe siècle, toute casquée telle Minerve sortant du crâne de Zeus. L’origine documentée de cette quête remonte, selon moi, à 1820. En cette année, Claude André Vuillaume[2] fait éditer son Tuileur si connu. Il reproduit les tableaux de Loge de tous les degrés. Or le simple et basique tableau du degré d‘Apprenti recèle déjà tous les mystères enchanteurs de l’esprit.

             La Franc-maçonnerie ? Bientôt 300 ans déjà ! Peu, par rapport aux religions, mais plus ancien qu’on ne le croit généralement. Car les tribulations de l’histoire maçonnique en France cachèrent parfois ce message essentiel, au profit, sous la Troisième République, du rayonnement et du militantisme politique. Les mouvements occultistes, nombreux à la charnière des deux siècles, maintinrent parallèlement, la voie plus spirituelle. Il n’y a plus aujourd’hui de confusions entre l’occultisme et la voie maçonnique. L’ésotérisme chrétien joua un rôle important, par exemple dans la fraternité et le transcendance d’Amour ; notions revisitées de nos jours par l’Ordre. C’est ainsi que la morale bien-pensante, fréquente au Siècle des Lumières[3], n’est désormais plus une leçon grandiloquente à savoir par cœur, mais émane d’un véritable réflexion sur soi et ses responsabilités. L’antique « Connais-toi toi-même », qui inaugure tous les parcours de sagesse, devient le portail d’entrée du chemin que nous foulons avec ténacité. On l’observe de plus en plus fréquemment dans les Loges.

            Plusieurs variables différencient ces parcours : la tradition culturelle, l’âge, l’éducation, les conditionnements sociaux… Parmi elles, le sexe. La femme et l’homme peuvent-ils cheminer ensemble vers la réalisation spirituelle ? Cet ouvrage est un essai pour tâcher d’apporter de la clarté, et une option à un débat récurrent en Franc-maçonnerie depuis le XVIIIe siècle. Il y eut les Loges d’adoption bien sûr. Leur rituel semblerait être autant le fait de Frères que de Sœurs. De surcroît ces Loges furent souchées sur des Loges de Frères. Leur souvenir est resté vivace et de nombreux livres bien renseignés en témoignent. Puis ce fut le silence des Sœurs, jusqu’à ce que les Loges mixtes revinssent sur le devant de la scène maçonnique à la fin du XIXe siècle[4]. Depuis, la mixité fut admise sans problèmes.

 

            La question est plus complexe que le laissent entendre les arguments habituels pour ou contre la mixité en Loge. Car, le fait est indéniable, la Franc-maçonnerie a été faite par des hommes pour des hommes. Il serait surprenant de ne pas trouver dans le palladium[5] l’empreinte masculine. De fait, nous allons le voir, elle est bien visible, parfois. Il ne serait pas étonnant non plus, de repérer des éléments de rituels qui soient neutres ; je dirais plutôt, indifférents quant à l’influence de l’appartenance sexuelle.

            Or les Sœurs travaillent dans des structures rituelles qui existaient avant, de type masculin : les Rites français, le Rite écossais ancien et accepté, le Rite écossais rectifié, le Rite de Memphis-Misraïm, le Rite opératif de Salomon… Tous racontent des histoires d’hommes vertueux ou voyous ; pas des histoires de femmes, si on les étudie au premier niveau, ni de mystères, comme le disaient nos anciens, quand on creuse un peu pour mettre à jour les influences sexuées, qui s’exercent dans tous les rites. Oui, certaines prétendent que la spiritualité n’a pas de sexe, qu’elle dépasse les catégories anatomiques de l’espèce. Ces Sœurs, cohérentes, repoussent volontiers l’idée qu’il existerait une spiritualité distincte, féminine. Les femmes ont-elles une spiritualité distincte ? Elles sont déjà initiées ! prétendent certains Frères. La même quête spirituelle vaudrait alors pour tout être humain. Hélas, nous disposons de peu de textes et de témoignages sur les initiations féminines, à part les fameux mystères d’Isis, dont ne sait pas, en fait, grand chose. Je vous propose d’aborder ces questions et de vous accompagner jusqu’à une réponse, qu’il vous appartiendra d’évaluer à la lumière de vos opinions et de vos croyances.

             Tous les éléments qui composent aujourd’hui le rite maçonnique de style français[6] seront passés au peigne fin. Commencer par le sens, la raison d’être de l’Ordre.  Nous nous demanderons, d’abord, si la finalité proposée, une spiritualité pour agir peut rallier les deux sexes. Puis, nous nous interrogerons sur les grandes caractéristiques, qui font de la Franc-maçonnerie une voie de perfectionnement spirituel de haute qualité. Nous pourrons alors questionner la nature du rite maçonnique parmi les courants de perfectionnement spirituels. Ensuite nous nous pencherons sur les supports immatériels : l’organisation du pouvoir dans la Loge, les valeurs, les gestes et le « palladium », à savoir  les mythes et les symboles. Avec la lancinante question, à chaque fois et sans se lasser : « Quelle est la sensibilité : masculine, indifférente,  féminine ? ». Je vous proposerai deux bilans intermédiaires et un bilan final. Alors, et seulement alors, nous pourrons répondre, moi dans le livre, et vous de votre côté, à la question : « Frère, Sœur…ensemble dans la même Loge ? ».

 

            Il est indispensable que vous sachiez à qui vous avez à faire, tant les points de vue de départ, les apriori, conscients ou pas, influent sur la recherche. Je travaille dans deux types de Loges de style français: La forme monosexuée, depuis 47 ans, et la version mixte, depuis 26 ans. J’exerce le métier de psychopédagogue. Pas plus qu’un(e) autre, je ne suis à l’abri de mes préjugés. J’attirerai votre attention en précisant s’il s’agit d’une affirmation qui ne repose que sur mon jugement et mon intuition. A vous de lire et ensuite de vous faire votre avis.



[1] Bruno Etienne - La spiritualité maçonnique pour redonner du sens à la vie - Dervy 2006.

[2] Claude André Vuillaume 1766 – 1833 L’édition du Tuileur a d’abord été publié anonymement en 1829 ? Sous son nom, en 1830.

[3] Comme le dit le chevalier de Ramsay, la Franc-maçonnerie a pour finalité de « creuser des cachots pour les vices et élever des temples à la vertu ».

[4] Le Droit Humain est fondé en 1893.

[5] « palladium » - rite, mythes et symboles.

[6] « Style français » : les rites joués dans l’hexagone et dans les pays d’influence maçonnique française : Belgique, Italie… et non les rites anglo-saxons, qui sont en voie de disparition dans leurs pays d’origine.


REVIVEZ LA CONFÉRENCE SUR LES SPIRITUALITÉS DU 19-01-2019

Conférence / Débat pour créer des ponts entre les spiritualités 

  •  6 Intervenants : • Pascal Vesin : Frère catholique • Professeur Claude Traunecker : Egyptologue • Rabbin Gabriel Hagaï : Rabbin  •  Khaled Roumo : Auteur et poète - Spécialiste de l'Islam • Pierre Portocarrero : Expert en spiritualité des Arts Martiaux • Franck Fouqueray : Franc-maçon, Passé Vénérable Maître • Animateur : Jissey     (cliquez sur l'image)